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    Cliché Amazon

     

                 En attendant le livre de Marie qui ne m'est pas encore parvenu, je me suis procuré le dernier écrit de Christian Bobin, qui est un véritable trésor comme on pouvait s'y attendre.

              Il débute sur une écoute musicale, ce que l'on ne saisit pas de suite, surtout qu'il s'agit du silence qui suit l'écoute, car on ne découvre le pianiste Sokolov et ses doigts de fée - ce qui n'est pas pour me déplaire - qu'en bas de page.

               Alors Bobin se répand en rêveries plus rayonnantes les unes que les autres, nous berçant de sa parole ciselée, de son écriture magique, de sa pensée étincelante.

               En voici un passage rempli de profondeur et de poésie.


     « Nous passons notre vie à attendre quelque chose de mieux que notre vie. Nous passons, nous passons. Nous suivons le long bec de notre pensée en espérant qu'elle nous mènera loin d'ici.

      Les yeux d'un homme qui pense se plissent dans l'extrémité de l'étang du regard, là où bruissent les roseaux d'un songe.

       La vie nous longe.

       Nos rêves informulés ne nous quittent jamais. »

    (éd. Gallimard p.22)

     

     

                 Voici encore de quoi rêver longtemps.

     

     


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                  Aujourd'hui la promenade nous a menées en rase campagne, tout d'abord vers les « Écuries de Crève-Cœur», d'où des chevaux nous regardaient, parfois emmitouflés.

     

    Ecuries de Crève-Coeur à Issoudun


          Puis vers les immenses antennes destinées à capter des fleuves d'ondes, et portant de ce fait des noms de grands fleuves du monde. J'en ai déjà parlé ici, où vous pouvez apprécier les étonnantes torsions que peuvent effectuer ces élégants mastodontes ; et un article leur est consacré ici par l'Association du Centre Historique de la Diffusion Radiophonique (ACHDR), dont voici l'essentiel :

       «  TDF exploite des installations de diffusion ondes courtes à Issoudun depuis 1948. Le site est équipé de plus de 50 antennes de diffusion dont 12 antennes tournantes. Ces structures de 80m de haut sont orientables à volonté vers n’importe quelle zone de diffusion. En moins de 2 minutes, les 200 tonnes de l’antenne se positionnent à 1° près pour enchainer les différentes séquences de diffusion. Ces antennes portent le nom des grands fleuves qui irriguent eux aussi la planète au-delà des frontières : Danube, Mékong, Gange …

        Ce site assure la diffusion de programmes de radio vers des destinations internationales comme l’Afrique, le Moyen Orient, l’Europe de l’Est, l’Amérique Centrale et l’Amérique du Sud. Les antennes de TDF ont la capacité de desservir, à partir d’Issoudun, n’importe quelle zone de la planète. Les émissions sont réalisées dans la bande dite « ondes courtes » qui a la faculté de propager à très longue distance les programmes des grandes radios internationales : RFI (Radio France Internationale), VOA (Voice Of America), NHK (radio nationale japonaise), TDA (radio nationale algérienne), KBS (radio de la Corée du Sud) et l’UNR (programme radio de l’ONU). »

    (Source TDF)

     

    Vers les grands fleuves d'ondes


          Indya court toujours devant moi, sans que je puisse la saisir correctement en même temps que l'antenne.


    Vers les grands fleuves d'ondes


            Après une radieuse matinée, la perturbation nous rattrape et noie le soleil vers lequel je me dirige.


    Vers les grands fleuves d'ondes


           En tournant autour des grilles électrifiées je découvre enfin le nom de ce géant : le Tigre !


    Vers les grands fleuves d'ondes

     
              Indya s'intéresse au terrain vague...


    Vers les grands fleuves d'ondes


          Mais voici d'autres monuments du même type : ne sont-ils pas vraiment plus beaux que des éoliennes ?


    Vers les grands fleuves d'ondes

     

    (Toutes ces images peuvent être agrandies ; revenez ensuite en cliquant sur la flèche de "retour")

     

     


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             Ma fille aînée - mon premier bébé - était née "par une belle matinée ensoleillée de février", comme nous l'écrivîmes sur notre faire-part : un 28 février d'année bissextile. Et cette année reproduit la même situation : soleil et année bissextile ! Voici donc une journée qui commença sous d'heureux auspices.

             J'ai conduit Indya (ma chienne) au Jardin situé sur les bords de notre rivière, la Théols. Et comme j'y viens rarement, c'est avec surprise que j'ai découvert ce qui pourtant semblait évident : la rivière roulait des flots bouillonnants et boueux, montée à son niveau maximal jusqu'à toucher les pontons et inonder les lavoirs... Sans toutefois déborder sur ses rives, car depuis quelques années des travaux ont été effectués pour éviter les débordements tels que celui que j'avais photographié ici en 2006 accompagné d'un poème rigolo.

           Voici une petite vidéo qui donne une idée de la situation d'aujourd'hui.



             Puis une photo.

     

    La Théols bien haute


              Les photos de 2006 sont prises sur le côté du Jardin qui donne vers le Musée de l'Hospice Saint-Roch, alors que je me suis promenée cette fois à l'opposé, face à la tour Blanche (du nom de la Reine Blanche de Castille qui y aurait séjourné, voir ici).

     

    La Tour Blanche à Issoudun vue du Jardin Public


           Pour photographier la Tour on tourne le dos à la rivière, mais voici Indya qui s'approche de l'eau dans laquelle baignent les racines d'un petit arbre.

     

    La Théols bien haute

     
               Ce soir, une belle ligne oblique de grues passait encore (pourquoi passent-elles le soir cette année, alors qu'auparavant c'était toujours vers midi ? Elles ont certainement changé leurs zones de repos).

             Puis, à travers l'espace laissé par le grand épicéa abattu (voir ici), un joli crépuscule est apparu.

     

    Crépuscule

     

             C'était une bien jolie journée.

     

     

     


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                 C'est bien d'un enterrement au sens propre que je vais vous parler, et même d'un "auto-enterrement".

                  On s'imagine que la terre avale tout ce qu'on lui jette : canettes de bière, mouchoirs en papier, voire carcasses de machines en tout genre... ce qui est tout à fait faux. La pauvre ne peut ingurgiter tout ça.

                   Mais les corps inanimés, ça oui ; et j'en ai été le témoin effaré, bluffé !

                    On nous a dit : "Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière", ce qui est une belle formule mais à mon avis présent sans doute mal traduite. En effet il faudrait dire : "Souviens-toi que tu es terre et que tu retourneras à la terre". La poussière est trop sèche pour permettre l'alchimie de la décomposition et de la transformation ; et nous enfermer dans des cercueils eux-mêmes insérés dans des caveaux empêche totalement le processus.

                    À l'automne dernier, tandis que je promenais Indya dans le quartier HLM voisin, qui offre de beaux espaces arborés avec des chemins gravillonnés, voici que je découvris au sol un rat mort. Effrayée, je l'évitai et fus soulagée de voir ma chienne en faire autant.

                   Je pensais qu'il allait être enlevé de là par le gardien, mais il n'en fut rien.

                  Cependant, à chaque fois que je repassai par cet endroit, je remarquai que le cadavre s'aplatissait et, à la faveur des pluies abondantes, perdait de plus en plus de sa corpulence au point de disparaître dans le sol. J'avais l'impression de le voir s'enfoncer, comme si la terre l'avalait peu à peu...

                   Le mois dernier, il ne restait plus que sa forme dessinée sur le gravier.

                     Et ce matin, quand je me présentai avec un appareil pour le photographier, on ne voyait quasiment plus rien, car de l'herbe avait déjà repoussé : il fallait savoir qu'il y avait eu là quelque chose !

     

    Rat enfoui

                  

                J'ai été comme attendrie de la manière douce et enveloppante avec laquelle la terre avait repris le petit animal, en son sein, en sa vie, en son cœur, en son amour.... Couché là, endormi, il était couvert maintenant par l'élément qui l'avait porté et puis repris.

     

     


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    Merle noir - photo Malene Thyssen
    (Image issue de Wikipedia)

     

     

             Un couple de merles habite dans mon jardin, depuis plusieurs années.

              Je les vois sautiller par ma fenêtre à la recherche de nourriture, lui noir de jais avec son bec orange, elle plus effacée, grisâtre au bec noir. Ils sont souvent ensemble et fouillent la mousse qui envahit mes espaces herbeux pour dénicher les insectes ou les vers dont ils se nourrissent.

              Et voici que même en ce mois de février, depuis que nous avons de beaux soirs achevant de belles journées, lorsque je ferme mes volets je l'entends chanter, lui, perché sur le faîte d'un toit ou au sommet d'une antenne.

              Quelle douceur, quelle générosité dans ce chant qui remplit de confiance et de joie !

               Mais dès que je reviens avec mon appareil photo pour essayer de l'enregistrer, hop ! Il s'envole ; comme s'il savait qu'on allait fixer sur une machine tout l'amour qu'il déverse sans compter, instinctivement, depuis son cœur, sa foi en la Vie...   

               Rien de ce qui vient du Ciel ne peut être mis en boîte.

               Heureux celui qui entend, qui perçoit juste au bon moment ce chant jubilatoire, flûté, rempli de trilles et d'inflexions variées, ce chant de gratitude qui s'élève des cimes de notre monde jusqu'aux premières étoiles !  

           Par la suite, tout l'été il nous sera possible de profiter de ces concerts à chaque crépuscule.

     

     

     


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