• Pauvre français

     

              Devant l'invasion de néologismes issus de l'anglais, du japonais, de la technologie ou encore d'un nouvel argot familier, devant le déploiement des sigles et des abréviations pratiquées parce que l'on écrit de plus en plus vite, je vois les règles de la langue française petit à petit s'effriter, oubliées parce qu'on a fait trop de maths, de sport ou d'informatique pour pouvoir les étudier correctement, ou même non retenues par ceux qui ont lu mais trop vite, sans une bonne mémoire visuelle.

         Parfois il peut s'agir de fautes de frappe... mais si cela se répète, on commence à douter surtout qu'une frappe, cela se corrige à la relecture. C'est semble-t-il le cas de ce malencontreux intitulé d'article paru dernièrement dans la Nouvelle République du Centre Ouest, édition de Châteauroux :

     

    Pauvre français


             Voyez-vous la faute ? Non ? Avez-vous mis la phrase à la 2e ou 3e personne, pour voir ? ...

                Alors ?

    Pauvre français

            Heureusement, c'est corrigé en fin d'article. Mais je vois très souvent cette faute, même dans des livres publiés, et il arrive un moment où cela agace vraiment.

            Il s'agit d'une faute de concordance des temps : quand on parle au passé, il existe un futur par rapport au passé, qui se conjugue comme le conditionnel.

             Même problème avec le subjonctif. Quand on parle au passé, le subjonctif passe à l'imparfait, et si l'on utilise la 3e personne du singulier, gare à la confusion avec le passé simple !  

                      « Je voulais qu'il comprît » (présent : "je veux qu'il comprenne")

                    Mais le comble, c'est que l'on reproduise cette  erreur avec des verbes du 1er groupe ou apparentés. Je viens de lire récemment :

                  «   Il fallait qu'il alla... »  ou « Il fallut qu'il rencontra... » !

              Que dites-vous au présent ? «  Il faut qu'il aille  » :  c'est bien le subjonctif ! Et il faut donc écrire :

    « Qu'il allât » et « Qu'il rencontrât ».

        
            Dans d'autres livres, je trouve des confusions entre l'imparfait et le passé simple... Les actions se succèdent-elles, ou bien durent-elles dans une vaste description ? (« Je retrouvais l'Afrique avec joie... mais bientôt j'attrapais une hépatite virale à cause du manque de propreté du matériel dans lequel nous mangions »). On peut se poser la question, mais il arrive tout de même un moment où l'on voit qu'il s'agit bien d'une succession d'actions et où l'on pleure pour la langue française.

     
             Par ailleurs, il me semble que l'on pratique de moins en moins l'inversion du sujet dans les questions ou lorsque la phrase débute par un adverbe. C'est le cas notamment dans les journaux télévisés où cela me choque vraiment :

    «  Pourquoi les français prennent le train ? »

          - Prennent-ils !

            Mais oui, bien sûr on dit maintenant couramment : Vous voulez du café ? Vous avez faim ? Même dans les traductions proposées par Duolingo, l'application sur laquelle je révise mon anglais, je trouve une exigence de correction dans la formule interrogative avec "do" suivi du sujet tandis que l'inversion de celui-ci est omise en français... Dans les questions l'application préfère la périphrase "est-ce que" et ne tolère que parfois l'inversion du sujet pour mes traductions.

              L'inversion du sujet est obligatoire aussi lorsque la phrase commence par des adverbes tels que "aussi", "ainsi", "sans doute", "peut-être". Or j'entends :

    «  Sans doute les agriculteurs vont être mécontents.... » Sans doute les agriculteurs vont-ils (...) !


            Enfin, que dire des pléonasmes après le pronom "en" dont on oublie qu'il représente déjà le nom qui le précède ?

                      « Ce tableau, je voudrais vous en montrer sa beauté ».

             Le pronom "en" représente déjà le mot "tableau", donc pas besoin de possessif ! C'est comme si vous disiez : " C'est un tableau dont je voudrais vous montrer sa beauté"... Là, on réagit davantage ; et pourtant je crois que certains seraient capables de le dire.

               Il est vrai que depuis bien longtemps déjà dans les journaux météo ou autres j'entends aussi des phrases du genre :

                  « Rendons-nous dans les Territoires d'Outre-Mer où là-bas,» (ou encore : « où là », ce qui est encore plus rigolo), «le soleil brille vraiment.» C'est la folie du Ouh là !

                   "Où" indiquant le lieu il est inutile de le répéter avec "là".


                J'en arrive à la prononciation, puisque nous parlons des journalistes de télévision (mais il s'agit bien entendu de certains, pas de tous ! Il y en a qui s'expriment avec une correction parfaite, heureusement)...

              Je croyais qu'une voyelle suivie de deux consonnes était une voyelle ouverte, contrairement à celle suivie d'une seule consonne ? Par exemple, dans "j'appelle" le "e" se prononce "è" et dans  "j'appelais" il se  prononce "e".

                  Or j'entends "Besson" se prononcer "Beuçon", et "Biscarosse" se prononcer "Biscarôce".

     

          Où allons-nous ? Je me sens devenir une vieille grincheuse attachée à ses traditions... Mais pourtant lorsque je regarde sur internet, ces règles sont toujours indiquées.

     

    Arc-en-Ciel

     

    Vivement le printemps !

     

     

     

     

           

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  • Commentaires

    1
    Lundi 18 Mars à 16:06

    Ton article est intéressant. Je fais partie des gens qui se trompent. Surtout avec le subjonctif.

    Pourtant j'essaie de réviser régulièrement la grammaire.

    Bises

      • Lundi 18 Mars à 19:31

        Dans le langage parlé c'est moins grave. Où cela me gêne, c'est lorsque c'est écrit, publié sur un livre ou placardé dans une rue, ou lorsque c'est exprimé par un journaliste qui en principe se doit de bien s'exprimer. Je pense alors aux étrangers qui, s'ils ont étudié notre langue, doivent se demander où ils en sont.

    2
    Lundi 18 Mars à 16:07

    Les règles de grammaire plutôt...

    3
    Lundi 18 Mars à 16:26
    daniel

    Il m'arrive de faire des fautes d'orthographe. Il faut dire que la langue française n'est pas toujours facile et contient bien des subtilités !

      • Lundi 18 Mars à 19:33

        Ah oui, ça je le reconnais !! D'ailleurs je n'ai pas évoqué les accords de participes... sarcastic Mais on peut toujours vérifier sur internet (et pas sur les correcteurs automatiques qui souvent se trompent !).

    4
    Lundi 18 Mars à 18:23

    Oui, hélas, moi aussi, je fais des fautes. Je crois que le fait de taper sur un clavier nous met un peu en difficulté. Il ne faut pas confondre tache et tâche, balade et ballade, jeune et jeûne, etc. Mais je me dis que l'important est d'avoir le désir de communiquer par écrit. Pour un journal, c'est un peu moins pardonnable, il est vrai.

      • Lundi 18 Mars à 19:37

        Oui, quand on tape le correcteur parfois nous aide mais parfois aussi se trompe, et si on ne vérifie pas... Cela doit m'arriver aussi d'oublier quelque chose au passage, c'est pourquoi il faut beaucoup relire, ce qui est indispensable pour tout écrit appelé à être publié.

        Il y a des journalistes qui parfois se corrigent lorsqu'ils font une faute à l'oral : c'est tout à leur honneur.

    5
    Mardi 19 Mars à 09:53

    Oui pauvre français !!

    J'ai apprécié ton article... Je suis souvent hérissée lorsque je vois certaines fautes dans les articles de journaux... 

    Ah les concordances de temps !!!

    Je m'efforce d'appliquer au mieux les règles d'orthographe... 

    Il est vrai que notre langue n'est pas si facile... Mais comme toi j'y suis attachée...

    Vivement le printemps !

     

    Bisous ma chère Martine et bonne journée ensoleillée

    6
    Mardi 16 Avril à 20:49

    Je pense qu'il n'y a pas un seul livre dans lequel je ne relève pas une faute. Bon, ce n'est pas facile pour un correcteur de ne pas passer au-dessus d'une faute, mais c'est quand même son métier ! 

    Et que dire des écrits sur les réseaux sociaux? Une honte ! 

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