• Où va la Langue Française ?

      

    Où va la Langue Française ?
    (Photo issue du site "Sarthe Tourisme" - Musée du Grez)

     

                 Quand je suis née, on apprenait encore consciencieusement le français, avec force récitations et analyses de grands textes répertoriés dans de jolis manuels.

            Mais on disait déjà aussi "ticket", "hotdog", "leader" et d'autres mots dits "de franglais", qui se mirent à proliférer tant que Léo Ferré leur consacra dès 1962 une chanson intitulée "La Langue Française", pleine d'humour et du charme heureux de sa notoriété montante  (voir ici l'album d'origine et là la chanson avec son texte).

             J'ai réussi à suivre ces néologismes quelque temps, mais le vocabulaire anglais ne cessa de s'étendre dans notre langue, notamment à travers le développement de l'informatique et la mondialisation des entreprises, au point que je finis par ne plus rien comprendre parfois, tandis qu'en contrepartie je voyais le français se déliter de plus en plus...

          Les Québécois avaient pourtant eu la bonne idée de chercher des substituts français aux termes anglo-saxons, comme "chien-chaud" pour hot-dog, mais nous en France continuâmes à nous enfoncer, si bien que les jeunes français ne savaient plus s'il fallait écrire "language" ou "langage", les deux se ressemblant fort à la lecture.

             J'ai appris à utiliser les mots "coach", "deal", à comprendre "open", "smash", mais beaucoup de termes sportifs me restent indéchiffrables. Et comme ils fleurissent dans les grilles de mots fléchés, je ne parviens même plus à venir à bout de celles-ci.

            Et voici que maintenant c'est le tour de titres de films ou même de livres d'origine américaine, sans que la traduction en soit donnée ! Comment fait-on, si l'on ne parle pas l'anglais ?

             Pauvre disciple à l'ancienne, élevée dans le culte de la langue allemande à cause de son architecture grammaticale, et des langues anciennes (le latin et le grec en tant que berceaux de notre culture), j'ai découvert l'anglais "sur le pouce", par nécessité, mais sans jamais le pratiquer si bien que j'y reste noyée.

              Aussi suis-je hors de moi quand je rencontre des offenses à nos belles étymologies classiques, ou découvre même dans le Journal télévisé que certains reporters omettent l'inversion du sujet dans des phrases interrogatives.  Je me désole aussi de constater que la prononciation de certaines syllabes s'y modifie, par exemple que l'on ferme une voyelle qui précède une consonne redoublée, alors qu'elle devrait être ouverte.

    Où va la Langue Française ?
    (Tiré de la Revue "l'Actualité")

             Mais il est vrai que tout évolue et je suis la première surprise et amusée lors de rediffusions de documents ou de films datant des années 50 ou antérieures, et que je remarque l'inflexion chantante des voix parlées à l'époque. Cela me rappelle la réflexion de mes premiers correspondants allemands qui, lorsque je leur demandais comment était l'accent français, me répondaient : "Les français ? Ils chantent !..." Aujourd'hui je constate que c'était bien le cas.

              Il est certain que notre langue a beaucoup changé depuis Molière, aussi bien dans le sens des mots, dans l'architecture des phrases, que dans la prononciation. Et que dire des siècles précédents, où Joachim Du Bellay publiait un ouvrage intitulé "Défense et Illustration de la Langue Française", car à l'époque c'était par le latin que le français était éclipsé !

              Il y a un siècle, comme je l'évoquais au début de ce billet, l'école était garante du bon apprentissage du français. Mais à cette époque l'enseignement public de base se limitait au français, aux mathématiques, à l'histoire-géographie et aux sciences naturelles : on avait donc toute latitude pour approfondir cette étude. Alors qu'aujourd'hui, où nous sommes submergés par les nouvelles technologies et où nous souhaitons donner au sport une meilleure place, sans oublier l'incontournable étude de l'anglais, nous ne trouvons plus le temps nécessaire à la bonne pratique du français.

             Soyons donc philosophes : la multiplication des langues fut, dit-on, imposée aux hommes pour éviter qu'ils ne détrônent Dieu dans leur effort commun de monter à l'assaut du ciel1... Aujourd'hui, revenir à une langue unique nous rapproche et nous permet de travailler de nouveau ensemble, mais cette fois pour le bien de l'humanité.

              Mais prions pour que nos logiciels de correction deviennent de plus en plus intelligents et cessent de déformer nos propos au lieu de les corriger... !

     

    Où va la Langue Française ?
    (L'Écho Républicain - Chartres)

     

     

    1 Mythe de la Tour de Babel.

     

     

    « Au parcChant »

  • Commentaires

    1
    jamadrou
    Lundi 19 Février à 14:11

    Depuis 1887, qu'a-t-on fait de l'Espéranto ?

    2
    Lundi 19 Février à 18:56

    un très bel article. Les mots anglais en plus ne sont pas toujours justes (Olivier me montrait une liste de mots trouvés sur le net où nous utilisions mal à propos les termes). 

    Régulièrement je fais un peu de révision soit grammaire, soit vocabulaire car le Français est une langue bien  difficile. Mais au fond laquelle ne l'est pas. 

    Et l'esperanto, on en parle peu c'est vrai.

    Et pour ta réponse sur mon article, c'est vrai que la situation pour les femmes voulant s'émanciper était très difficile, le shah un peu dictateur quand même bridait sa population. Et maintenant ce n'est pas mieux. Cette poète est morte dans un accident de voiture dans la neige (accident provoqué ou pas, nul ne sait ?)

     

    Bises 

      • Mardi 20 Février à 14:27

        En effet c'est une fin qui interroge ...

        Et pour bien parler une langue en effet il y a toujours un gros travail. mais le français est particulièrement compliqué.

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